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Ju et Bo sont en Asie

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17 avril 2008

A l'heure des dernières fois

Bangkok, 17 avril 2008, 23h04 (H-3).

Les derniers jours écoulés ont été souvent placés sous le signe des “dernières fois”. Un peu de nostalgie à l’idée d’achever le voyage et d’en éprouver les ultimes instants, morosité absurde envers des moments qui ne se reproduiront plus.

Dernier coucher de soleil à Koh Tao, où ils sont tout simplement époustouflants de beauté. Dernier tour à moto dans l’ile. Et pour l’occasion dernière galère avec un pneu crevé heureusement rapidement remplacé, et du coup dernier émerveillement devant la gentillesse des Thais. Dernier diner de fruits de mer au bord de l’eau. Dernière soirée à discuter tous les deux sur la terrasse du bungalow, à refaire le monde, ou plutôt notre monde. Dernier lever de soleil. Dernière baignade avec les poisons au petit matin. Dernier “au revoir” à la famille de requins qui occupent le lagon. Dernier départ avant le grand départ. Ca fait toujours bizarre de quitter une ile. C’est toujours un peu plus douloureux qu’un départ en avion, bus, train ou voiture: on embarque sur le bateau, et on prend le large, on peut regarder encore pendant de longues minutes ce petit coin de paradis qui s’éloigne, protégé du reste du monde par les fonds abyssaux. Dernier trajet en bus VIP à subir un énième film d’action où on a droit à une explosion toutes les trois minutes. Dernière arrivée à Bangkok, étrangement calme en ces lendemains de festivités. La Thaïlande fêtait en effet ces derniers jours la fête de l’eau (ou festival de Songkhran) pendant lequel les Thais sont en vacances et jouent à s’arroser d’eau toute la journée. Dernière nuit dans un des hôtels miteux de Khao San Road à se battre pendant la moitié de la nuit contre les “bed bugs”, ces sympathiques insectes visibles uniquement une fois qu’ils ont piqué et pompé du sang et qu’on ne peut donc tuer que par vengeance. Dernière fois à faire nos sacs. Dernière journée à arpenter Bangkok, ses avenues embouteillées, ses malls démoniaques pour le portefeuille. Derniers achats compulsifs. Dernier riz gluant-brochettes, dernière soupe de nouilles, dernières “Pad Thai Noodles”. Dernier diner dans le mall MBK devant un petit concert de jazz. Dernier tour au Seven-Eleven, ces petites épiceries ouvertes 24h sur 24. Dernier tour en Tuk-tuk. Dernière visite à notre vendeuse de jus de fruits préférés. Derniers fruits ! Ah que ça va être dur de vivre sans les fruits aux arômes extraordinaires que l’on trouve ici; on tournait ces derniers temps à une pastèque, un ananas et une mangue par jour histoire de prendre des réserves. Dernière bière dans notre bar préféré de Khao San, le Sawasdee House, à admirer la déco “ethnic-chic” du lieu. Dernier appel de taxi. Dernier trajet en taxi. Dernier pied posé en Asie.

Ah toutes ces dernieres fois qui en appellent encore et encore. On ne se démonte pas pour autant, trop heureux qu’on est d’avoir fait tout ça et de rentrer pour retrouver tous ceux qu’on aime. Comme disait le proverbe: “tomorrow is the first day of the rest of your life”. Et une chose est sûre, ce voyage ne sera pas le dernier.

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12 avril 2008

Plan Orsec, cours de cuisine et de plongée

C’est avec un peu d’amertume que nous avons écourté notre séjour au Laos en raison des conditions météorologiques. Notre arrivée à Pakse après un trajet éprouvant en bus de nuit depuis Vientiane avait pourtant l’air prometteuse. Le jour même nous avions loué une moto pour découvrir le village de Ban Xaphai à une quinzaine de kilomètres : un charmant village  au bord du Mékong, absolument pas touristique, les habitants fabriquant les tissus à l’abri de leurs maisons sur pilotis mais apparemment peu désireux de les vendre aux badauds. Ambiance hors du temps, qui semble d'ailleurs s’écouler lentement au gré des différentes activités, tissage donc, mais aussi pêche, fabrication des filets de pêches, cueillette dans les arbres, pétanque … une vie bien paisible.
C’est dès le lendemain que les choses ont commencé à se gâter. Alors qu’on avait prévu une excursion de 4-5 jours en moto dans le plateau des Bolovens, c’est la pluie qui nous a tirés du lit le matin : Une pluie continue laissant peu d’espoir quant à une accalmie. Vérification faite auprès de la météo les cinq jours suivant réservaient la même chose. Après une petite heure de réflexion on a  décidé de changer nos plans, dommage pour le sud Laos, on y reviendra c’est sûr, mais cette fois ça s’est mal goupillé.

Nous avons ainsi décidé de rentrer en Thaïlande, Bangkok dans un premier temps pour y faire une partie de nos derniers achats avant le retour. On a pu profité du marché du weekend de Chattuchak, endroit cosmopolite du Nord de la ville on trouve quasiment tout ce qui se fait en Thaïlande, avec une mention spéciale pour la zone animalerie où on peut acheter pour son chez-soi, cobras, mygales, lézard, tortues…
Nous avons ensuite pris la direction de Chiang Mai, à quelques quinze heures de train de Bangkok droit vers le Nord. Nous avons adoré les quelques jours passés dans cette région. Bien qu’étant la deuxième ville du pays, Chiang Mai n’est rien en terme de développement comparée à Bangkok, la vieille ville entourée de fortifications en ruine abrite des maisons de faible hauteur, la circulation automobile y est considérablement plus réduite et il suffit de faire quelques kilomètres pour retrouver un paysage montagneux splendide loin de la vie urbaine. Le soir de notre arrivée les deux principales avenues de la vieille ville avaient été entièrement fermées à la circulation pour accueillir le Marché du Dimanche où on n'a encore une fois pas pu résister aux achats compulsifs.
Nous avons d’abord visité les temples de la ville, dont la vie religieuse rivalise avec ce que nous avons pu voir à Luang Prabang. Rien de comparable cependant en terme d’architecture.
Nous avons ensuite visité le parc zoologique situe à la périphérie de la ville, un moment sympa à se balader dans les collines, à contempler les singes, éléphants, hippopotames, reptiles en tous genres…La région se prêtait remarquablement aux balades d’une journée dans les zones naturelles protégées avec pique-nique au bord d’un lac ou à proximité d’une cascade.
Enfin on ne pouvait pas partir de Thaïlande sans s’être un peu formés aux techniques culinaires du pays. On s’est donc inscrit à un cours de cuisine d’une journée organisé par des thaïs qui tenaient une ferme bio à quelques kilomètres de la ville. Journée très agréable et riche en apprentissage, en commençant par une visite d’un marche local, présentation des différents types de riz, de pâtes, de condiments…poursuite de l’enseignement dans le potager de la ferme où étaient cultivés les fruits, légumes et herbes aromatiques que nous allions utiliser dans nos plats. Et nous voilà en train de découper, d’émincer, de hacher, de faire bouillir, frire ou de saisir. Au total c’est pas moins d’une dizaine de plats à nous deux que nous avons appris à préparer, du curry (où on fabrique soi-même la pâte) à la soupe Tom-Yam, des rouleaux de printemps aux nouilles Pad Thai, du riz gluant à la mangue à la banane au lait de coco, et on en passe. Bien sur le but de la journée est aussi de se remplir l’estomac avec tout ça mais avec nos petits appétits (petits comparés à ceux des  américaines qui nous accompagnaient et qui ont tout fini jusqu’à la dernière miette, inutile de souligner que les gabarits n'étaient pas les mêmes non plus !) on n’a pas vraiment fait honneur à nos réalisations, nous contentant de picorer dans chacun des plats (6 au total par tête, plus deux types de riz pour accompagner ). On était en tout cas ravis de l’expérience qui va nous permettre de prolonger gustativement le voyage à notre retour.
Après Chiang Mai nous nous sommes rendus à Sukkhotai, ville du centre du pays, assez banale en soi mais dont la proximité avec les restes d’une ancienne capitale de l’Empire Siam au 14eme siècle fait tout l’intérêt. Nous avons passé une journée à visiter ce site magnifique. Comme à Angkor il ne demeure que les temples mais ceux-ci sont particulièrement bien conservés et on peut y contempler, chose assez rare, encore quantité de statues du Bouddha toujours en place. Les ruines se situent au sein d’un parc très agréable, où nous avons pique-niqué à la mi-journée quand la chaleur devenait trop écrasante.

Nous avons ensuite regagné Bangkok en prenant un bus tôt le matin (le premier même!). Nous sommes revenus dans la capitale dans l’après-midi, le temps de réorganiser nos sacs et de laisser la plupart de nos affaires dans une consigne et on était repartis dès le soir en bus de nuit pour le Golfe de Siam et plus exactement pour Koh Tao, ile paradisiaque où nous achevons notre séjour. A peine arrivés , tout groggys du trajet ( termine en beauté par 2 heures de bateau sur une mer plus qu'agitée, où au moins le tiers des passagers se trouvaient mal), on se motive pour trouver un centre de plongée pour que Julie passe son niveau 1 de plongée , "open Water" dans le jargon "dive". Devant la multitude des centres sur cette ile, le plus difficile est de faire son choix. On en trouve un pas mal finalement, conseillé par un couple de français ( Eric et Pauline) avec qui d'ailleurs Julie passera sa formation. Au programme : vidéo de 2h30 énumérant le matériel, les risques,les carrières dans le milieu si toutefois il nous prenait l'idée de ne pas rentrer!, puis 2 matinées de cours consistant aux corrections de nos devoirs de la veille ( 6 chapitres à lire, soit un bouquin de 200 pages avec questionnaire, ou plutôt texte à trous à remplir avant d'aller en cours puis interro de 50 QCM . On se croirait en train de repasser le code de la route. Rien de très compliqué mais difficile de se motiver quand du balcon, on voit la mer et qu'il fait 30 degrés dans l'air et dans l'eau. ) Une fois la théorie passée, reste la pratique. Youpi me direz vous. Sauf, que la première demie journée consiste en des exercices en mer (genre, j'enlève mon masque sous l'eau à 6m de fond , je panique pas et je le remets tout plein d'eau pour pouvoir le vider  ou, tiens si on faisait semblant que j'ai plus d'air dans la bouteille (bien improbable, j'ai vérifié 2 fois avant de sauter à l'eau!) et que je doive remonter en urgence et autres plaisirs... Bref, c'est pas pour tout de suite le grand bleu. Heureusement, dès le lendemain, l'aventure sous marine commence et c'est parti pour 4 plongées au total sur 2 jours, dont les 2 dernières avec Bo. C'était tout simplement génial.

On a célébré l'obtention de notre diplôme comme il se devait avec Eric et Pauline  avec qui on a passé quelques soirées à siroter des bières devant les splendides couchers de soleil et à gouter les spécialités locales. On admire tous les jours sans se lasser les merveilleux fonds marins qui entourent l’ile: poissons aux mille couleurs, tortues, raies, petits requins de récifs peuplent de superbes massifs coralliens.

Moins d'une semaine avant notre retour, on ne réalise pas très bien qu'on va devoir rentrer. On profite à fond des derniers moments, faisant le plein de soleil, même si on espérè trouver un beau printemps à notre arrivée ( ce qui s'avère apparemment peu probable). Quoiqu'il en soit , on a vraiment hâte de tous vous revoir!

25 mars 2008

Two great weeks with Matthieu

Les jours passent de plus en plus vite à mesure que notre retour approche. Quasiment pas le temps de se connecter au cours de ces deux dernières semaines qu’on a passées avec Matthieu à découvrir le Nord du Laos.

Apreè Bangkok nous avons gagné la frontière du Laos en train de nuit jusqu’à Nong Khai. Juste le temps de visiter un parc de sculptures étonnantes, œuvres mystico-surréalistes d’un prêtre originaire du Laos (dont nous allions voir d’autres œuvres à proximité de Vientiane), et nous passions la frontière pour rejoindre la capitale située à une vingtaine de kilomètres.

Matthieu arrivait le lendemain en début d’après-midi, donnant le top départ à deux semaines mémorables passées tous les trois.

Nous avons débuté le séjour par deux jours à Vientiane, visitant les curiosités locales (temples essentiellement), goutant aux rassérénants massages laos, dégustant la “Lao Beer” dans les petites échoppes qui bordent le Mékong. Vientiane est une ville extrêmement calme, peu peuplée, sujette aux coupures de courant et soumise comme le reste du Laos au couvre-feu à minuit. Le lieu le plus agréable est sans conteste le bord du Mékong quasiment pas aménagé, dont le lit d’environ un kilomètre de largeur est presque sec à cet endroit, laissant apparaitre une vaste étendue de sable sur laquelle les familles et leurs enfants viennent se promener en fin de journée.

Après avoir quitte Vientiane, ville de plaine, nous nous sommes rapidement déplacés vers un paysage associant dans mille variations, des montagnes à la végétation luxuriante prenant par endroits les couleurs de notre automne en cette fin de saison sèche; des rivières étroites dans lesquelles les Laos font leur toilette et se baignent, leur débit réduit laissant apparaitre de nombreux rochers à fleur d’eau; des grottes diverses et variées creusées dans les montagnes karstiques.

Notre première étape fut la ville de Vang Vieng à 3 heures de la capitale sur la route de Luang Prabang. Arrivés là-bas on est vite tombé sous le charme du lieu, une petite ville comportant quelques rues, allongée au bord de la rivière Nam Song dans une large vallée entourée de collines karstiques déchiquetées. Le premier jour nous avons visité en motos la campagne environnante paisible et splendide, évoluant sur des chemins pierreux parmi les pires qu’on ait arpentés en deux roues en Asie. Au programme, visite de grottes et baignade dans une rivière, tout ça sous un chaud soleil. Le soir nous sommes allés diner dans un délicieux restaurant servant des barbecues laos sur le modèle des barbecues coréens dont nous garderons tous les trois un souvenir émerveillé.

Le lendemain, descente en kayak de la Nam Song sur une dizaine de kilomètres: superbe journée en compagnie d’un trio d’anglais et d’un duo de norvégiennes. Arrivés à 3-4 kilomètres en amont de Vang Vieng un spectacle étonnant nous attendait. On comprenait d’un coup un peu mieux la mauvaise réputation que Vang Vieng semblait avoir auprès de certains touristes et l’attraction irrésistible qu’elle exercait sur les jeunes routards venus dans ce coin de l’Asie. En effet, sur environ 500 mètres le long de la Nam Song s’étalaient des bars rudimentaires sur pilotis, où rugissaient les sound systems diffusant les musiques à la mode. Le principe du divertissement, appelé « Tubing » consiste à louer de grosses bouées depuis Vang Vieng (en fait des chambres à air de tracteur), à être déposés en tuk-tuk environ 200 m avant le premier bar et à descendre de bar en bar le cours de la rivière (au débit très lent en ce moment). Des jeux d’eau sont mis à la disposition des fêtards : balançoires au dessus de l’eau, plongeoirs, tyrolienne, histoire de décuver de temps en temps en piquant une tête dans l’eau. Rien de trop agressif cependant, on n’a pas pour autant été dégoutté de l’endroit qui vaut surtout pour son cadre magnifique, et puis on ne voit pas le mal qu’il y a à faire la fête, d’autant que l’ambiance était bonne. On a aussi eu droit à une bonne partie de rigolade quand le kayak de Matthieu s’est fait attraper par deux filles en tubing qui avaient décidé se faire tracter par deux solides gaillards. Les deux pagailleurs ont eu du mal à s’en débarrasser et ont dû faire bien trois cents mètres lestés de 100 kilos (voire plus vu le gabarit des nanas).

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Le soir même alors que nous étions en train de diner, un jeune anglais euphorique et légèrement aviné s’est assis à notre table, visiblement désireux de faire des rencontres. Et le voila parti dans un monologue ininterrompu sur le fait que, lui vraiment il adorait cet endroit. Bon comme il a vu qu’on rentrait pas trop dans son système il a vite mis les voiles mais il faisait tout de même plaisir à voir. Sur ses conseils, un peu plus tard dans la soirée nous nous sommes rendus au Smile Bar principal lieu de fête de la ville. Là nous attendait une grosse ambiance évoquant la Full Moon Party de Thaïlande. Un jeune public majoritairement anglo-saxon mais aussi des jeunes laos, flirtaient et se trémoussaient sur des vieux classiques ou des tubes récents, hydratés à la Beer Lao et aux « Buckets » (seaux en plastique remplis de whisky local et de sodas). Encore une fois l’ambiance était loin d’être désagréable et les gens avaient l’air particulièrement contents d’être là et nous aussi.

Nous avons ensuite mis le cap sur Luang Prabang, empruntant une route de montagne épouvantable dans un minivan bondé : six heures de route de lacets en plein cagnard qui malgré le paysage ont été dures aàsupporter.

Luang Prabang est une ville splendide à la riche culture religieuse, dont les nombreux temples ont servi de lieu d’éducation à des générations de jeunes Laos qui s’y engagent à la fin de l’adolescence comme bonzes pour y recevoir une instruction pendant quelques années. La ville se situe au confluent de la rivière Nam Khan et du Mékong, les maisons sont construites en bois pour la plupart et s’étalent au pied du mont Phu Si, une colline centrale en haut de laquelle siège un temple et une relique de l’empreinte du pied de Bouddha (qui doit bien faire un mètre de longueur). Bien que touristique, Luang Prabang a su conserver son charme et mettre en place un tourisme doux, respectueux du lieu et de ses traditions. La ville étant classée à l’Unesco, aucune modernisation délétère ne semble à craindre et les berges du Mékong restent vierges de tout aménagement en dehors de quelques petits restaurants aux terrasses fort agréables. Au programme des quelques jours dans la ville, nous avons surtout passé du temps dans les paisibles temples éparpillés dans la vile dont l’un d’eux, le Vat Xieng Thong est surement l’un des plus beaux que nous ayons vu en Asie.

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Après Luang Prabang nous avons décidé de pénétrer un peu plus profondément dans le Laos, le long de la rivière Nam Ou, direction Nong Khiaw en bus puis Muang Ngoi à une heure de bateau. Avant d’embarquer, on a eu le temps de faire la connaissance d’un groupe sympathique qu’on n’a plus quitté pendant les deux jours qui ont suivi. Le groupe se composait, en plus de nous trois, de quatre voyageurs solitaires dont trois s’étaient déjà rencontrés et voyageaient ensemble depuis deux semaines. Parmi ceux-la, François, un chti du Pas-de-Calais, 22 ans, saisonnier dans la restauration qui voyageait à travers l’Asie pendant la saison d’hiver avant de recharger le porte-monnaie pendant l’été en Corse. Deux israéliens l’accompagnaient, Meitan, 32 ans qui avait quitté son travail dans l’assurance-qualité il y a trois mois et repartait bientôt pour Tel-Aviv pour chercher un nouveau boulot mais elle semblait aussi envisager la possibilité de s’installer à la campagne dans un Kibboutz ; et Rami, 25 ans, complètement perché, grand amateur de substances devant l’éternel, qui avait fui les iles de Thaïlande par peur de mal finir et qui comptait voyager jusqu’à ce qu’il n’ait plus d’argent, et même après ça il disait vouloir continuer en empruntant de l’argent à ses parents. Il y en a certains qui ont du mal à revenir au pays et on les comprend. Et enfin, Seemee, une sympathique canadienne d’Ottawa, 27 ans, parlant très bien français, d’origine indienne, qui venait de finir une mission de plusieurs mois aux Philippines dans une ONG travaillant pour la défense des droits des travailleurs migrants. Elle son crédo c’était plutôt : tout est beau, délicieux, magnifique, les gens sont supers...une vraie bisounours.

Accompagnés de cette joyeuse bande, nous sommes donc arrivés dans ce petit bout du monde qu’est Muang Ngoi, village de quelques centaines d’âmes, au bord de la Nam Ou, qui s’étend paisiblement entre les montagnes. Un unique chemin en terre parallèle à la rivière constitue le village. Les maison attenantes, exclusivement en bois ont pour la plupart été reconverties en guest house ou en restaurant, les villageois ayant progressivement abandonné leurs activités traditionnelles au profit d’une économie basée sur le tourisme. Aucune modernité cependant et les conditions de vie sont les mêmes pour les touristes que pour la plupart des habitants.

Le lendemain de notre arrivée nous avons fait tous les sept une superbe ballade dans la campagne environnante, le chemin évoluant entre les pains de sucre et les rizières, dont certaines étaient parcourues par des hommes en uniforme qui manipulaient des détecteurs de métaux. «  -Vous cherchez des mines ? - oui,oui, j’en ai déjà trouvé 4 ce matin et on les fait exploser à deux heures si ça vous dit .» Là on n'était pas rassuré mais ça n’avait pas l’air de l’effrayer qu’on continue sur le chemin et puis vue l’usure de celui-ci on avait peu de chances d’avoir des problèmes. La promenade nous a conduit jusqu’au village de Huoy Bor, minuscule bourgade uniquement accessible à pied. Deux cents personnes réparties en quarante foyers comme nous l’a expliqué l’homme de 32 ans qui tenait l’une des deux petites échoppes, quelques modestes tables et chaises en plastique disposées sur une plateforme de bambous sur pilotis. Echanger avec lui nous a permis de constater à quel point il est difficile de s’en sortir lorsque l’on vient d’un village comme celui-ci. Aller à l’école primaire est possible à Huoy Bor, pourvu d’un instituteur depuis quelques années, mais du temps de notre hôte, celui-ci n’avait commencé l’école qu’à douze ans dans le village d’à côté. Aller au collège nécessite en effet de se rendre au village voisin de Ban Ha, pourvu lui de quatre enseignants. Le seul lycée accessible est à Muang Ngoi, donc là où nous vivions, à 1h30 de marche aller simple. Accéder à un niveau d’études supérieur impliquait un cout exorbitant pour des familles aussi pauvres que celles qui vivaient à Huoy Bor. On comprend mieux ainsi le recours à la religion bouddhiste où le fait d’être moine permet d’obtenir, instruction, logement et nourriture gratuitement, le système reposant sur la solidarité et les dons des Laos.

Après notre escale à Muang Ngoi, nous sommes repartis vers Luang Prabang, déjà obligés de revenir sur nos pas pour regagner Vientiane à temps. Nous avons fait le trajet de retour en bateau, environ 7 heures le long de la Nam Ou, à travers des paysages magnifiques, sur une barque surchargée, dans des conditions plus ou moins correctes selon l’endroit du bateau où on était assis (mauvaise pioche pour Matthieu sur le moteur).

Arrivée sans encombre à Luang Prabang où nous avons passé une nouvelle journée que nous avons mise à profit pour aller nous prélasser aux chutes d’eau de Tad Kuang Si, un bel endroit dont les bassins bleu turquoises invitent à la baignade. Nouvelle étape à Vang Vieng à la fois pour couper en deux le trajet jusqu’à Vientiane mais surtout pour tenter le tubing et refaire la fête avant le départ de Matthieu. Deux jours paisibles à se la couler douce, dans de chouettes bungalows au bord de la rivière.

Nous voila à présent de nouveau à Vientiane pour une journée de repos et de transition avant de partir pour le sud du pays. Matthieu est reparti hier soir et devrait être chez lui à l’heure qu’il est. On était tous les trois ravis de ces deux semaines.

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6 mars 2008

Option Plage

Comme vous l'aurez compris on n'a pas pris l'option de gagner le Laos via le Cambodge comme on avait prévu au départ. On a en fait opté pour l'option plages idylliques de Thaïlande, bien échaudés par l'intermède Phu Quoc au Vietnam.

Voilà donc quelques jours qu'on se prélasse sur l'ile de Ko Chang au Nord du Golfe de Siam. Ko Chang est une ile relativement grande, d'environ 20 km sur 10, dont la seule route fait le tour de l'ile en longeant la côte. L'intérieur de l'ile quasiment inaccessible est rempli d'une abondante végétation tropicale, qu'on n'a pas vraiment explorée, découragés par les moustiques qui nous dévorent déjà allègrement sur la plage. On s'est dégoté un endroit agréable pour séjourner: de jolis petits bungalows de bois à l'ombre des cocotiers, entourés de pelouses, à vingt mètres de la plage, le pied total ! Au programme de ces quelques jours, farniente, séance de lecture et de guitare sur la plage de sable blanc, baignade dans les eaux turquoises, repas de fruits de mer, petit tour en moto pour visiter l'ile dont les routes bien que goudronnées sont incroyablement pentues.Quelques jours  fort paisibles donc avant de gagner le Laos pour de nouvelles aventures.

1 mars 2008

Angkor pour toujours

Et bien nous sommes de retour à Bangkok après un changement de planning. Nous retrouvons Khao San Road avec plaisir, le foule cosmopolite, ses hôtels pouilleux, ses marchands de rue qui régalent les palais (pad thai noodles, mango sticky rice, brochettes en tout genre...).

Nous sommes arrivés hier soir après une journée entière de bus depuis Siem Reap, trajet pendant lequel on a pu se rendre compte de ce qui sépare le Cambodge de la Thaïlande en terme de développement économique: au Cambodge, six heures de piste de terre archi-sèche, les véhicules soulevant une quantité hallucinante de poussière, dans un antique bus dont les sièges en sky étaient recouverts de ladite poussière, longeant des espaces agricoles déshydratés au dernier degré ; en Thaïlande, autoroute à quatre voies, bus climatisé, espaces industriels tout le long de la route. Un vrai fossé qu'on s'explique mieux à présent qu'on est familiarisé avec l'histoire récente du Cambodge.

Nous avons eu trois jours pour découvrir les merveilles d'Angkor qui resteront à coup sûr parmi les grands moments du voyage et même de nos vies. Difficile de rendre ça avec des mots, c'est probablement la plus belle réalisation humaine qu'il nous ait été donnée à contempler. Imaginez un empire richissime, couvrant les actuels Cambodge, Laos, Thaïlande, Vietnam et Birmanie du neuvième au treizième siècle de notre ère, dirigé par des souverains belliqueux, mégalomanes et surtout très croyants, hindous pour la plupart, certains s'étant convertis au bouddhisme. Ces rois avaient choisi le site d'Angkor pour y installer leur capitale, dont tous les bâtiments (y compris le palais royal) étaient construits en matériaux périssables. Seuls les temples destinés à honorer les Dieux (et un peu les rois qui appréciaient d'être divinisés) avaient été construits en pierre. Ce sont les vestiges de ces édifices que l'on peut voir aujourd'hui. Sur une surface de 400 kilomètres carrés, plusieurs dizaines de sites sont visibles de quoi meubler une bonne dizaine de jours de visite si on est motivé ! En trois jours nous avons pu en apercevoir une quinzaine dont les plus importants. Nous nous déplacions en tuk-tuk de temple en temple, munis de la bible des monuments, un livre publié en 1944 par un francais, Maurice Glaize, qui commente en détails chaque temple, chaque sculpture, chaque fronton, linteau et bas-relief ouvrant de manière extraordinaire notre champ de vision. Il est probable qu'on serait passé à côté de pas mal de choses sans ce bouquin. On a pu admirer le syncrétisme hindouisme-bouddhisme: même si chaque temple avait sa religion prédominante l'autre y était toujours représentée d'une manière ou d'une autre. Ainsi étaient racontées les grandes épopées hindoues, le Mahabharata, le Ramayana, les vies de Shiva, Vishnou, Lakshmi. Dans les temples de culte bouddhiste, à côté des sculptures du Bouddha, c'étaient plutôt des scènes de la vie civile et royale de l'époque. Nous sommes passés par le temple de Banteay Srei, superbe petit temple de grès rose, sur les pas de Malraux qui y avait découpé une statue à la scie avant de devenir Ministre quelques années plus tard. Deux temples nous ont particulierement marqués: le Bayon, un temple-montagne, où, sur des terrasses successives se dressent une cinquantaine de tours toutes décorées du visage souriant et serein de Lokeshvara; et Ta Phrom, un temple laissé "en l'état" par les archéologues de la conservation d'Angkor, c'est à dire en partie écroulé, encore envahi par la végétation, les arbres, vieux de plusieurs centaines d'années, ayant poussé en toute aisance à même les pierres, atteignant pour certains plusieurs dizaines de mètres de haut, et dont les épaisses racines disloquent les édifices. Une ambiance magique se dégage de ce spectacle, en particulier en fin de journée quand la lumière plonge entre les arbres. C'est avec celui-ci que nous avons terminé notre visite avant de rejoindre le Phnom Bakheng, un autre temple passablement en ruine, mais situé sur une colline du haut de laquelle nous avons pu contempler un magnifique coucher de soleil sur la plaine d'Angkor, avec au loin les tours d'Angkor Vat, songeant déjà à une prochaine visite dans ce lieu féérique .

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25 février 2008

Prise de conscience

Nous sommes ce soir à Siem Reap, porte d'entrée de la visite du site d'Angkor auquel nous nous attaquerons dès demain. La ville semble agréable pour se promener, en particulier le long de la rivière, et le tourisme y est manifestement implanté depuis de nombreuses années comme en témoignent les nombreux hôtels de luxe et les restaurants de cuisine internationale.

Les derniers jours passés à Phnom Phen nous ont beaucoup plus. Alors bien sûr, comme prévu on s'est acheté une tonne de fringues (et on charge un peu plus les mules déjà bien lestées), T-shirts, chemises, pantalons, jupes...

On a visité le palais royal, sympathique, bien restauré, faisant penser aux palais de Bangkok avec tout de même une certaine spécificité khmer pour les toits des bâtiments. Visite également du Musée des Beaux-Arts dans une magnifique construction néo-Khmer peinte en un rouge du plus bel effet. On peut y avoir un avant-gout de l'art de la période d'Angkor: pourtant on en a vu des statues et des bas-reliefs, mais ceux-ci nous ont vraiment éblouis par la qualité et la précision des sculptures desquelles se dégage une grâce éternelle. On a eu la chance de voir au Centre Culturel Français, en cinéma plein-air, "Le Mécano de la Générale", chef-d'œuvre du cinéma muet, accompagné en musique par une troupe de musiciens cambodgiens qui avaient accompli un travail remarquable en réécrivant toute une partition pour le film. La séance a malheureusement dû être interrompue aux trois-quart du film à cause d'une averse mais ça reste un moment magique.

Enfin, nous voulions évidemment faire notre devoir de mémoire et aller nous recueillir sur les lieux commémorant les massacres perpétrés pas les Khmers Rouges dans les années 70. Pour être honnête, plus qu'un devoir de mémoire, il s'agissait aussi et surtout d'un devoir d'apprentissage, bien ignorants que nous étions des évènements qui avaient marqué le Cambodge au cours des années qui ont précédé notre naissance. Que dire si ce n'est qu'on ne peut s'empêcher d'être envahis par des sentiments terribles d'horreur, d'amertume et de tristesse, en arpentant la cour et les bâtiments de la prison de Tuol Sleng, ancien lycée transformé en centre carcéral, où les prisonniers vivaient dans des conditions effroyables, enfermés dans de minuscules cellules, dont les parois avaient été construites à la va-vite en briques ou en bois dans les anciennes salles de classe. Ils étaient interrogés sous la torture pendant des mois, noircissant de leurs confessions des milliers de page retranscrites par des Rouges maniaques au dernier degré. Une fois interrogés et condamnés, les victimes étaient amenées au camp d'extermination de Choeng Ek, une petite parcelle de terrain à une quinzaine de kilomètres de PP, dont les bâtiments de bois n'existent plus aujourd'hui. Après les avoir emmenés là, sous un prétexte fallacieux pour prévenir toute réaction, ils étaient tués à coup de bâtons (pour cause d'économie des cartouches), avant d'être jetés dans des fosses communes. Jusqu'à 300 exécutions par jour ont eu lieu dans ce camp. Un monument bouleversant a été érigé à l'entrée du site, contenant les milliers d'ossements retrouvés dans les fosses du camp après la chute du régime des Khmers Rouges.

Nous avons acheté des livres qui évoquent le génocide, pour approfondir quelque peu notre connaissance du sujet. Les cambodgiens semblent avoir fait un grand travail de réflexion dans les suites des atrocités qu'ils ont connues. Ainsi on a par exemple passé un après-midi au Centre Bophana qui met en ligne gratuitement sur des ordinateurs, plusieurs banque de données audiovisuelles sur le Cambodge. On y voit ainsi de vieux journaux télévisés français  de l'époque. On se rend bien compte que les informations circulaient difficilement  et qu'on n'a pas su tout de suite (tout du moins le grand public) ce qui se passait réellement. Le pays s'est rapidement fermé sur lui-même, comme la Corée du Nord aujourd'hui, ce qui laisse songeur quant à ce qui s'y passe depuis 50 ans (le régime Khmer Rouge n'a duré que 4 ans même s'il controlait des territoires dès 1970). C'est une constante: un Etat qui ferme ses frontières est un Etat qui massacre sa population.
On pouvait aussi voir tous les films de Rithy Pan, le "Claude Lanzmann" cambodgien qui a fait un travail énorme pour faire parler les bourreux et les victimes du génocide. De lui, on a ainsi visionné un documentaire bouleversant sur le destin tragique d'une femme vietnamienne, Bophana, qui a donné son nom au Centre. Violée par un soldat de l'armée gouvernementale au début des années 70, elle tombe enceinte. Honnie par son village pour ce fils hors mariage, elle vit dans la honte, jusqu'à ce qu'elle retrouve un ami d'enfance. Les deux jeunes gens tombent amoureux mais sont rapidement séparés après la prise de pouvoir par les Khmers Rouges, lui étant enrolé dans l'armée et elle envoyée au travail forcé. Ils maintiennent un contact à travers une correspondance dans laquelle ils déploient l'un et l'autre leur amour et leur horreur face aux événements. Ce sont ces lettres qui les perdront. Ils seront tous deux arrêtés, interrogés et exécutés dans les lieux que nous avons évoqués. Nous n'avons pas l'habitude de raconter des horreurs pareilles dans notre blog et nous nous en excusons mais la réalité est là, implacable. Nous en avons été profondément marqués.

21 février 2008

Premiers pas au Cambodge

Nous sommes ce soir à Phnom Phen dans un cyber café du "quartier pour bagpackers" de la ville, une nouvelle déclinaison  de ce thème urbain qu'on trouve dans toutes les capitales de cette région. Et cette fois le plaisir est au rendez-vous, des petites ruelles au bord d'un lac, des guest house roots comme il faut. Chambres spartiates, ambiance cloison en bois et linoléum, la place pour le lit, une minuscule salle de bain (quand même), tout à fait justifié pour le prix ceci-dit. Mais alors une terrasse de rêve, en bois et sur pilotis, devant le lac d'un diamètre d'un kilomètre environ,  dont une bonne moitié est recouverte de plantes aquatiques,  orientée parfaitement pour le coucher de soleil, bar et restaurant pour spécialités locales, des hamacs...que du bonheur ! Bon pas mal de moustiques mais pour ça ils ont prévu le coup, chaque table a son serpentin et son répulsif donc ça dérange même pas.

Nous sommes partis hier matin de Chau Doc en bateau pour remonter un affluent du Mékong. Trois heures jusqu'à la frontière, avec au départ une halte dans une ferme piscicole (plus d'un millier dans le coin, on les longe un long moment en bateau) et dans le village d'une "minorité", les Chams, dont on a esquivé la visite pour trainer sur les bords du fleuve (on n'est pas très fan de ce genre de tourisme). Remontée ensuite d'un long canal droit vers le Nord, effleurant du regard des vies bien éloignées des nôtres. Tout au bout du canal, on débouche sur le Mékong, large d'au moins un kilomètre à cet endroit et on arrive à la frontière. Petit étonnement devant l'aspect du poste de frontière. Côté vietnamien quasiment rien, un boui-boui pour les touristes arrivant du bateau, un bâtiment administratif, tu montres ton passeport à un gars, tu passes entre deux arbres et t'es sorti du Vietnam. Tout ça au bord du Mékong, rien n'est aménagé, pas de ponton pour les bateaux, juste de la terre sèche façonnée par les crues et un peu d'herbe.

A nouveau trois heures de bateau à remonter le Mékong. Nous découvrons en pénétrant au Cambodge un paysage étonnamment vide de présence humaine. On longe bien des habitations (rudimentaires, la plupart n'utilisant même pas de tôle mais de la paille), mais on ne croise aucune ville importante pendant toute la remontée. Le fleuve est vide de bateaux ce qui contraste avec la frénésie civile et commerciale du Vietnam,  et très peu de terres semblent cultivées sur les berges de ce Mékong. Le trajet en bateau ne mène pas jusqu'à PP. Nous avons ensuite pris un bus pour gagner la ville. Là encore le long de la route, qui circule sur une digue,on peut constate l'extrême pauvreté. Le chemin, souvent cahoteux, est bordé de maisons sur pilotis, élevées jusqu'à parfois 4 ou 5 mètres de hauteur au dessus de la terre, sèche en ce moment mais on frémit de penser à la violence des inondations en période de mousson. Une chose frappante est aussi la présence de grandes zones non cultivées dans une plaine qui parait pourtant fertile... la faute probable aux mines anti-personnel. Le coucher de soleil était magnifique, nous sommes arrivés à 20h à PP tout contents de découvrir notre hôtel, passant la soirée à lire l'histoire du pays sur la terrasse et en songeant avec effroi à ce que ce peuple avait enduré au cours du 20ème siècle.

Aujourd'hui nous nous sommes promenés dans la ville que nous avons trouvée bien paisible comparée à Bangkok ou Hanoï, sans parler de Pékin. Visite du Wat Phnom ou régnait une effervescence religieuse, shopping au Marché Central où on a découvert qu'on allait pouvoir se refaire une garde-robe. Achats de livres sur le pays, déjeuner à quatre heures sur une place, retour en Tuk-tuk pour cause de pieds fatigués, et coucher de soleil splendide de la terrasse. Ils ont l'air d'en avoir des beaux ici, pour l'instant c'est du cent pour cent. 

19 février 2008

Goodbye Vietnam

Nous savourons aujourd'hui nos dernières heures au Vietnam, à Chau Doc, plus exactement, une autre ville du Delta du Mékong, à quelques coups de pagaie du Cambodge que nous gagnerons demain en bateau (à moteur évidemment). Pas mal de choses se sont passées depuis le dernier post dont certaines feront à coup sûr partie de notre best-of du voyage. Reprenons.

Après Vinh Long et l'Ile d'Anh-Binh à moto, nous avons prolongé notre route vers l'Ouest pour Can Tho dans une camionnette verte et climatisée de la compagnie Mailinh. On précise le nom car on l'a élue meilleure compagnie de bus du Vietnam-Sud, il faut dire que c'était pas trop difficile vu comment les transports sont hardcore dans le coin et comment on veut régulièrement nous faire payer des sommes astronomiques pour des trajets minuscules et dans des conditions déplorables. Sur ce petit coup de gueule qui représente bien la seule chose qu'on n'a pas trop appréciée ici, continuons.

Nous voilà donc à Can Tho où nous avons cette fois visité les canaux du Mékong en petite barque à moteur. Deux chouettes balades, une au coucher et une au lever du soleil, pendant lesquelles on a découvert un Vietnam assez pauvre, dont la vie économique s'organise toute entière autour du Mékong et de ses affluents : marchés flottants, commerce de fruits et de poissons essentiellement. Des infrastructures modernes (ponts suspendus en particulier) sont par-ci par-là en train de se construire mais les conditions de vie demeurent précaires : de vrais bidonvilles sur pilotis bordent par endroits les canaux. En dehors de ces visions de misère, la nature est splendide, les lumières sur la végétation luxuriante superbes, le calme et la sérénité omniprésents.

Après Can Tho nous avons continué vers l'Ouest pour atteindre le port de Rach Gia dont le principal intérêt était de nous permettre de prendre un speed-boat (le Superdong) qui nous amènerait sur l'Ile de Phu Quoc.
Avis aux amateurs d'iles paradisiaques (et il y en a qui liront ce post) où le tourisme est encore embryonnaire, ou les possibilités d'exploration infinies, les plages interminables et désertes, l'ile de Phu Quoc est pour vous. On en est partis le cœur gros après une petite semaine passée là-bas.

L'ile est relativement grande, une quarantaine de kilomètres de long sur une quinzaine de large. Sa capitale, Duong Dong, sur la côte Ouest, concentre les principaux commerces de l'Ile. Elle se situe au Nord de Long Beach une plage de sable blanc de 25 kilomètres de long. Les quelques hôtels pour touristes se situent sur le premier kilomètre de la plage au Sud de la ville. En dehors de cette zone, l'ile est quasiment comme elle a dû l'être il y a trente ans. On y circule en motos sur des pistes de terre battue, traversant de jolis petits villages de pêcheurs, aux bateaux colorés qui patientent dans le port. Les pistes sont peu entretenues, on peut même dire franchement dangereuses parfois: une petite chute sans gravité (des bleus et des bosses) à moto nous a rendus frileux dans son utilisation et nous a même poussé à nous passer de véhicule pendant une journée. Pas plus car l'attrait des plages absolument désertes au Nord et au Sud de Duong Dong était trop fort. Les journées se composaient souvent de la manière suivante: lever assez tôt, courses au foisonnant marché local, achats de fruits (mangues, pastèques, fruits du dragon) de légumes, de quoi faire des rouleaux de printemps, de fruits de mer frais du jour même et en route pour la playa. Arrivés sur la plage, la solitude aidant, on n'a pas longtemps hésité à faire des petits feux de bois pour déguster de délicieuses grillades de crevettes, gambas et autres calmars, tout en sirotant la bière locale, la 333 a prononcer "bababa". Tout ça en piquant régulièrement une tête dans une mer à 28 degrés, histoire de se rafraichir. Lectures et siestes pendant le digestion, petite mangue gardée pour le gouter (au fait les mangues sont à se damner ici), et retour pour admirer le coucher du soleil depuis le port de Duong Dong. Des moments comme ceux-ci on y repensera longtemps, l'impression de vivre un court instant une vie de Robinson, loin du bitume qui nous a vus naitre.

Hier nous sommes donc partis de Phu Quoc pour enchainer sur une des journées les plus galères depuis longtemps, un passage rapide du rêve au cauchemar en quelque sorte même s'il faut relativiser. En résumé après une attente interminable que le bateau veuille bien démarrer avec deux heures de retard, pour cause de chargement de motos, de gens qui étaient montés sans billets, de billets vendus en double (dont les nôtres, heureusement on s'étais assis avant les malheureux qui avaient les mêmes places que nous, "Bernard et Nathalie, le come-back"), on est enfin partis. Arrives à Rach Gia, la surprise, un de nos sacs avait dû être rangé sous une caisse de poissons frais dont le jus avait gentiment dégouliné, infiltrant les bretelles et le dos du sac, un vrai bonheur olfactif. Là des motards nous trimballent dans deux stations de bus différentes pour nous dire que finalement il n'y avait pas de bus pour Chau Doc et qu'on devrait faire étape à Long Xuyen (à environ deux heures de route de Chau Doc). Du coup on s'est retrouvé dans une camionnette toute pourrie qui devait nous amener non pas à Long Xuyen mais à dix kilometres de là. Arrivés à ce fameux endroit, chouette surprise, on était sur un embranchement de nationale. Il y avait bien quelques maisons mais manque de bol plus d'électricité. Nous voilà en train de négocier la course de taxi dans le noir (parce que ça faisait bien longtemps que la nuit etait tombée) avec des gens dont on ne voyait pas la tête. Surprise finale nos "Vache Qui Rit" (et oui on n'a pas résiste) s'étaient complètement explosées dans nos sacs. Bon on est quand même arrivés à bon port, on a trouvé une chambre et de quoi se nourrir.  Et puis pour relativiser, on a appris par Gauthier qu'en Chine, avec les chutes de neiges, un de ses collègues avait passé sept jours dans un train (pour un Shenzhen-Zhengzhou qui en prend normalement deux), sans se laver et à bouffer des nouilles lyophilisées. Forcément ça rend modeste.

9 février 2008

Mythique Mékong

Nous avons rapidement quitté Saigon, peu désireux d'attendre encore 5 jours que les musées rouvrent leurs portes mais surtout pressés de découvrir le Delta du Mékong. Nous nous sommes ainsi rendus à Vinh Long, ville poussiéreuse et endormie en ces jours de fête. De là on savait qu'il était possible de loger sur une ile au milieu du fleuve. Nous avons donc pris le bac pour gagner l'ile de Anh Binh. Arrivés là-bas  on s'attendait comme à l'habitude à ce qu'on nous propose moult possibilités d'hébergement mais rien du tout. Juste une petite route goudronnée qui partait de l'embarcadère mais pas la trace d'un endroit où dormir et personne pour toucher deux mots d'anglais. On a donc repris la tactique de "Julie gardant les sacs pendant que Boris cherche une chambre". Avec succès puisque un moto-taxi passant par-là nous a orienté vers une charmante guest-house, au fin fond d'un chemin de terre serpentant au bord d'un bras du fleuve. La guest-house, située au milieu d'un grand jardin d'arbres fruitiers, irrigués en canaux par le Mékong, était tenue par une famille chaleureuse et disposait de petits bungalows allant du spartiate au confortable. On a opté pour le confortable un peu effrayés à l'idée des moustiques qui risquaient de nous assaillir à la nuit tombée. Soirée très sympa en compagnie d'un couple de français, Frédérique et Hervé, à se raconter nos voyages. Eux voyageaient depuis 8 mois dont 5 en Afrique, joignant Addis-Abeba au Cap.

Aujourd'hui la journée a été merveilleuse. On a loué une moto, découvrant avec ravissement les routes et les chemins qui sillonnent  les différentes iles de cette partie du Mékong, empruntant d'étroits ponts en bois qui enjambaient les canaux. Point de rizières dans cette partie du delta mais des vergers partout : cocotiers, bananiers, manguiers, litchis, ramboutans procuraient une ombre bienvenue sur les routes, la chaleur devenant vite écrasante à la mi-journée. Le Mékong comme on en rêvait.

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7 février 2008

A l'heure du Tet

C'est une Saigon en pleine effervescence qui nous a accueillie à la veille du Tet. Notre vol s'est déroulé sans aucun problème. On a bien savouré la petite heure qu'il a duré en pensant aux longues heures de bus auxquelles on avait échappé. Arrivée à l'aéroport classique avec les chauffeurs de taxi qui demandent trois fois le prix de la course, du coup on en a partagé un avec deux australiennes pour gagner la "Khao San Road" locale, à savoir "Pham Ngu Lao". Malgré l'heure tardive de notre arrivée, l'animation battait encore son plein, les bars étaient remplis et les terrasses pleines. On a pas eu trop de difficultés à trouver une chambre et on est vite ressortis, chaussant nos tongs et nos T-shirts pour aller siroter une petite mousse.

Le lendemain on a vite réalisé que la visite de la ville allait se faire à l'heure des congés vietnamiens pour le nouvel an. La plupart des magasins avaient abaissé leurs rideaux de fer. Restaient quelques marchés animés qui fournissaient les derniers retardataires pour les cadeaux à offrir et les vivres pour le lendemain. Sur l'un deux on a dégusté de délicieuses pâtes chez une dame adorable, qui accompagnée de ses deux filles nous faisait gouter des choses dont on aurait du mal à vous dire ce que c'était. Elle nous a aussi appris à ouvrir avec nos dents sans les casser les pépins de melons. La plupart des musées étaient fermés. On a quand même pu visiter le Palais de La Réunification, celui-là même dont les grilles avaient été défoncées par les chars Vietcong, marquant ainsi la Chute de Saigon et la fin de la guerre. Etonnamment le bâtiment et ses salons ont été conservés tels qu'ils étaient à l'époque, sans être réutilisés par les autorités pour une autre fonction que celle de musée.

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Le soir, pour le réveillon, on a donc suivi les milliers de Vietnamiens qui convergeaient vers Nguyen Hue en passant par Le Loi, les deux grandes avenues de la ville. Illuminations, lampions, parterres de fleurs ornaient les boulevards, investis par les marchands de rue. Ambiance bonne enfant, très familiale. Les enfants étaient à la fête, ballons, barbes-à-papa, gadgets divers étaient là pour les satisfaire. Pas mal de groupes de jeunes aussi, flirtant et rigolant. On a donc attendu minuit à contempler la foule qui s'est déchainée quand le feu d'artifice a laissé entendre les premiers claquements. Sur le chemin de retour, on a frôlé cent fois la mort pour traverser les rues. Les milliers de gens qui étaient venus dans le centre pour la fête retournaient chez eux en deux-roues occasionnant un trafic hallucinant. La police débordée ne pouvait rien faire pour mettre de l'ordre dans tout ça. Etant donne la fonction décorative des feux rouges si on voulait traverser il fallait avancer petit à petit, faisant un pas, laissant passer les scooters, puis un autre. Séquence riche en émotions.

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Le lendemain, un gout de vacances et de laisser-vivre flottait dans la ville. Quasiment tout était fermé sauf quelques petites gargotes qui proposaient à boire en terrasse. On a arpenté les rues du quartier de Cholon, rencontrant par-ci-par-là a même la rue des tables de gens qui célébraient entre amis ou en famille. Un groupe nous a même invités à sa table. Passablement avinés et euphoriques, ils nous ont offert bières, fruits, poissons séchés. On a terminé la journée sur une petite place animée, à déguster un jus de mangue, nous laissant vivre comme tout le monde.

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