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Ju et Bo sont en Asie
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1 mars 2008

Angkor pour toujours

Et bien nous sommes de retour à Bangkok après un changement de planning. Nous retrouvons Khao San Road avec plaisir, le foule cosmopolite, ses hôtels pouilleux, ses marchands de rue qui régalent les palais (pad thai noodles, mango sticky rice, brochettes en tout genre...).

Nous sommes arrivés hier soir après une journée entière de bus depuis Siem Reap, trajet pendant lequel on a pu se rendre compte de ce qui sépare le Cambodge de la Thaïlande en terme de développement économique: au Cambodge, six heures de piste de terre archi-sèche, les véhicules soulevant une quantité hallucinante de poussière, dans un antique bus dont les sièges en sky étaient recouverts de ladite poussière, longeant des espaces agricoles déshydratés au dernier degré ; en Thaïlande, autoroute à quatre voies, bus climatisé, espaces industriels tout le long de la route. Un vrai fossé qu'on s'explique mieux à présent qu'on est familiarisé avec l'histoire récente du Cambodge.

Nous avons eu trois jours pour découvrir les merveilles d'Angkor qui resteront à coup sûr parmi les grands moments du voyage et même de nos vies. Difficile de rendre ça avec des mots, c'est probablement la plus belle réalisation humaine qu'il nous ait été donnée à contempler. Imaginez un empire richissime, couvrant les actuels Cambodge, Laos, Thaïlande, Vietnam et Birmanie du neuvième au treizième siècle de notre ère, dirigé par des souverains belliqueux, mégalomanes et surtout très croyants, hindous pour la plupart, certains s'étant convertis au bouddhisme. Ces rois avaient choisi le site d'Angkor pour y installer leur capitale, dont tous les bâtiments (y compris le palais royal) étaient construits en matériaux périssables. Seuls les temples destinés à honorer les Dieux (et un peu les rois qui appréciaient d'être divinisés) avaient été construits en pierre. Ce sont les vestiges de ces édifices que l'on peut voir aujourd'hui. Sur une surface de 400 kilomètres carrés, plusieurs dizaines de sites sont visibles de quoi meubler une bonne dizaine de jours de visite si on est motivé ! En trois jours nous avons pu en apercevoir une quinzaine dont les plus importants. Nous nous déplacions en tuk-tuk de temple en temple, munis de la bible des monuments, un livre publié en 1944 par un francais, Maurice Glaize, qui commente en détails chaque temple, chaque sculpture, chaque fronton, linteau et bas-relief ouvrant de manière extraordinaire notre champ de vision. Il est probable qu'on serait passé à côté de pas mal de choses sans ce bouquin. On a pu admirer le syncrétisme hindouisme-bouddhisme: même si chaque temple avait sa religion prédominante l'autre y était toujours représentée d'une manière ou d'une autre. Ainsi étaient racontées les grandes épopées hindoues, le Mahabharata, le Ramayana, les vies de Shiva, Vishnou, Lakshmi. Dans les temples de culte bouddhiste, à côté des sculptures du Bouddha, c'étaient plutôt des scènes de la vie civile et royale de l'époque. Nous sommes passés par le temple de Banteay Srei, superbe petit temple de grès rose, sur les pas de Malraux qui y avait découpé une statue à la scie avant de devenir Ministre quelques années plus tard. Deux temples nous ont particulierement marqués: le Bayon, un temple-montagne, où, sur des terrasses successives se dressent une cinquantaine de tours toutes décorées du visage souriant et serein de Lokeshvara; et Ta Phrom, un temple laissé "en l'état" par les archéologues de la conservation d'Angkor, c'est à dire en partie écroulé, encore envahi par la végétation, les arbres, vieux de plusieurs centaines d'années, ayant poussé en toute aisance à même les pierres, atteignant pour certains plusieurs dizaines de mètres de haut, et dont les épaisses racines disloquent les édifices. Une ambiance magique se dégage de ce spectacle, en particulier en fin de journée quand la lumière plonge entre les arbres. C'est avec celui-ci que nous avons terminé notre visite avant de rejoindre le Phnom Bakheng, un autre temple passablement en ruine, mais situé sur une colline du haut de laquelle nous avons pu contempler un magnifique coucher de soleil sur la plaine d'Angkor, avec au loin les tours d'Angkor Vat, songeant déjà à une prochaine visite dans ce lieu féérique .

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