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Ju et Bo sont en Asie
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25 mars 2008

Two great weeks with Matthieu

Les jours passent de plus en plus vite à mesure que notre retour approche. Quasiment pas le temps de se connecter au cours de ces deux dernières semaines qu’on a passées avec Matthieu à découvrir le Nord du Laos.

Apreè Bangkok nous avons gagné la frontière du Laos en train de nuit jusqu’à Nong Khai. Juste le temps de visiter un parc de sculptures étonnantes, œuvres mystico-surréalistes d’un prêtre originaire du Laos (dont nous allions voir d’autres œuvres à proximité de Vientiane), et nous passions la frontière pour rejoindre la capitale située à une vingtaine de kilomètres.

Matthieu arrivait le lendemain en début d’après-midi, donnant le top départ à deux semaines mémorables passées tous les trois.

Nous avons débuté le séjour par deux jours à Vientiane, visitant les curiosités locales (temples essentiellement), goutant aux rassérénants massages laos, dégustant la “Lao Beer” dans les petites échoppes qui bordent le Mékong. Vientiane est une ville extrêmement calme, peu peuplée, sujette aux coupures de courant et soumise comme le reste du Laos au couvre-feu à minuit. Le lieu le plus agréable est sans conteste le bord du Mékong quasiment pas aménagé, dont le lit d’environ un kilomètre de largeur est presque sec à cet endroit, laissant apparaitre une vaste étendue de sable sur laquelle les familles et leurs enfants viennent se promener en fin de journée.

Après avoir quitte Vientiane, ville de plaine, nous nous sommes rapidement déplacés vers un paysage associant dans mille variations, des montagnes à la végétation luxuriante prenant par endroits les couleurs de notre automne en cette fin de saison sèche; des rivières étroites dans lesquelles les Laos font leur toilette et se baignent, leur débit réduit laissant apparaitre de nombreux rochers à fleur d’eau; des grottes diverses et variées creusées dans les montagnes karstiques.

Notre première étape fut la ville de Vang Vieng à 3 heures de la capitale sur la route de Luang Prabang. Arrivés là-bas on est vite tombé sous le charme du lieu, une petite ville comportant quelques rues, allongée au bord de la rivière Nam Song dans une large vallée entourée de collines karstiques déchiquetées. Le premier jour nous avons visité en motos la campagne environnante paisible et splendide, évoluant sur des chemins pierreux parmi les pires qu’on ait arpentés en deux roues en Asie. Au programme, visite de grottes et baignade dans une rivière, tout ça sous un chaud soleil. Le soir nous sommes allés diner dans un délicieux restaurant servant des barbecues laos sur le modèle des barbecues coréens dont nous garderons tous les trois un souvenir émerveillé.

Le lendemain, descente en kayak de la Nam Song sur une dizaine de kilomètres: superbe journée en compagnie d’un trio d’anglais et d’un duo de norvégiennes. Arrivés à 3-4 kilomètres en amont de Vang Vieng un spectacle étonnant nous attendait. On comprenait d’un coup un peu mieux la mauvaise réputation que Vang Vieng semblait avoir auprès de certains touristes et l’attraction irrésistible qu’elle exercait sur les jeunes routards venus dans ce coin de l’Asie. En effet, sur environ 500 mètres le long de la Nam Song s’étalaient des bars rudimentaires sur pilotis, où rugissaient les sound systems diffusant les musiques à la mode. Le principe du divertissement, appelé « Tubing » consiste à louer de grosses bouées depuis Vang Vieng (en fait des chambres à air de tracteur), à être déposés en tuk-tuk environ 200 m avant le premier bar et à descendre de bar en bar le cours de la rivière (au débit très lent en ce moment). Des jeux d’eau sont mis à la disposition des fêtards : balançoires au dessus de l’eau, plongeoirs, tyrolienne, histoire de décuver de temps en temps en piquant une tête dans l’eau. Rien de trop agressif cependant, on n’a pas pour autant été dégoutté de l’endroit qui vaut surtout pour son cadre magnifique, et puis on ne voit pas le mal qu’il y a à faire la fête, d’autant que l’ambiance était bonne. On a aussi eu droit à une bonne partie de rigolade quand le kayak de Matthieu s’est fait attraper par deux filles en tubing qui avaient décidé se faire tracter par deux solides gaillards. Les deux pagailleurs ont eu du mal à s’en débarrasser et ont dû faire bien trois cents mètres lestés de 100 kilos (voire plus vu le gabarit des nanas).

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Le soir même alors que nous étions en train de diner, un jeune anglais euphorique et légèrement aviné s’est assis à notre table, visiblement désireux de faire des rencontres. Et le voila parti dans un monologue ininterrompu sur le fait que, lui vraiment il adorait cet endroit. Bon comme il a vu qu’on rentrait pas trop dans son système il a vite mis les voiles mais il faisait tout de même plaisir à voir. Sur ses conseils, un peu plus tard dans la soirée nous nous sommes rendus au Smile Bar principal lieu de fête de la ville. Là nous attendait une grosse ambiance évoquant la Full Moon Party de Thaïlande. Un jeune public majoritairement anglo-saxon mais aussi des jeunes laos, flirtaient et se trémoussaient sur des vieux classiques ou des tubes récents, hydratés à la Beer Lao et aux « Buckets » (seaux en plastique remplis de whisky local et de sodas). Encore une fois l’ambiance était loin d’être désagréable et les gens avaient l’air particulièrement contents d’être là et nous aussi.

Nous avons ensuite mis le cap sur Luang Prabang, empruntant une route de montagne épouvantable dans un minivan bondé : six heures de route de lacets en plein cagnard qui malgré le paysage ont été dures aàsupporter.

Luang Prabang est une ville splendide à la riche culture religieuse, dont les nombreux temples ont servi de lieu d’éducation à des générations de jeunes Laos qui s’y engagent à la fin de l’adolescence comme bonzes pour y recevoir une instruction pendant quelques années. La ville se situe au confluent de la rivière Nam Khan et du Mékong, les maisons sont construites en bois pour la plupart et s’étalent au pied du mont Phu Si, une colline centrale en haut de laquelle siège un temple et une relique de l’empreinte du pied de Bouddha (qui doit bien faire un mètre de longueur). Bien que touristique, Luang Prabang a su conserver son charme et mettre en place un tourisme doux, respectueux du lieu et de ses traditions. La ville étant classée à l’Unesco, aucune modernisation délétère ne semble à craindre et les berges du Mékong restent vierges de tout aménagement en dehors de quelques petits restaurants aux terrasses fort agréables. Au programme des quelques jours dans la ville, nous avons surtout passé du temps dans les paisibles temples éparpillés dans la vile dont l’un d’eux, le Vat Xieng Thong est surement l’un des plus beaux que nous ayons vu en Asie.

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Après Luang Prabang nous avons décidé de pénétrer un peu plus profondément dans le Laos, le long de la rivière Nam Ou, direction Nong Khiaw en bus puis Muang Ngoi à une heure de bateau. Avant d’embarquer, on a eu le temps de faire la connaissance d’un groupe sympathique qu’on n’a plus quitté pendant les deux jours qui ont suivi. Le groupe se composait, en plus de nous trois, de quatre voyageurs solitaires dont trois s’étaient déjà rencontrés et voyageaient ensemble depuis deux semaines. Parmi ceux-la, François, un chti du Pas-de-Calais, 22 ans, saisonnier dans la restauration qui voyageait à travers l’Asie pendant la saison d’hiver avant de recharger le porte-monnaie pendant l’été en Corse. Deux israéliens l’accompagnaient, Meitan, 32 ans qui avait quitté son travail dans l’assurance-qualité il y a trois mois et repartait bientôt pour Tel-Aviv pour chercher un nouveau boulot mais elle semblait aussi envisager la possibilité de s’installer à la campagne dans un Kibboutz ; et Rami, 25 ans, complètement perché, grand amateur de substances devant l’éternel, qui avait fui les iles de Thaïlande par peur de mal finir et qui comptait voyager jusqu’à ce qu’il n’ait plus d’argent, et même après ça il disait vouloir continuer en empruntant de l’argent à ses parents. Il y en a certains qui ont du mal à revenir au pays et on les comprend. Et enfin, Seemee, une sympathique canadienne d’Ottawa, 27 ans, parlant très bien français, d’origine indienne, qui venait de finir une mission de plusieurs mois aux Philippines dans une ONG travaillant pour la défense des droits des travailleurs migrants. Elle son crédo c’était plutôt : tout est beau, délicieux, magnifique, les gens sont supers...une vraie bisounours.

Accompagnés de cette joyeuse bande, nous sommes donc arrivés dans ce petit bout du monde qu’est Muang Ngoi, village de quelques centaines d’âmes, au bord de la Nam Ou, qui s’étend paisiblement entre les montagnes. Un unique chemin en terre parallèle à la rivière constitue le village. Les maison attenantes, exclusivement en bois ont pour la plupart été reconverties en guest house ou en restaurant, les villageois ayant progressivement abandonné leurs activités traditionnelles au profit d’une économie basée sur le tourisme. Aucune modernité cependant et les conditions de vie sont les mêmes pour les touristes que pour la plupart des habitants.

Le lendemain de notre arrivée nous avons fait tous les sept une superbe ballade dans la campagne environnante, le chemin évoluant entre les pains de sucre et les rizières, dont certaines étaient parcourues par des hommes en uniforme qui manipulaient des détecteurs de métaux. «  -Vous cherchez des mines ? - oui,oui, j’en ai déjà trouvé 4 ce matin et on les fait exploser à deux heures si ça vous dit .» Là on n'était pas rassuré mais ça n’avait pas l’air de l’effrayer qu’on continue sur le chemin et puis vue l’usure de celui-ci on avait peu de chances d’avoir des problèmes. La promenade nous a conduit jusqu’au village de Huoy Bor, minuscule bourgade uniquement accessible à pied. Deux cents personnes réparties en quarante foyers comme nous l’a expliqué l’homme de 32 ans qui tenait l’une des deux petites échoppes, quelques modestes tables et chaises en plastique disposées sur une plateforme de bambous sur pilotis. Echanger avec lui nous a permis de constater à quel point il est difficile de s’en sortir lorsque l’on vient d’un village comme celui-ci. Aller à l’école primaire est possible à Huoy Bor, pourvu d’un instituteur depuis quelques années, mais du temps de notre hôte, celui-ci n’avait commencé l’école qu’à douze ans dans le village d’à côté. Aller au collège nécessite en effet de se rendre au village voisin de Ban Ha, pourvu lui de quatre enseignants. Le seul lycée accessible est à Muang Ngoi, donc là où nous vivions, à 1h30 de marche aller simple. Accéder à un niveau d’études supérieur impliquait un cout exorbitant pour des familles aussi pauvres que celles qui vivaient à Huoy Bor. On comprend mieux ainsi le recours à la religion bouddhiste où le fait d’être moine permet d’obtenir, instruction, logement et nourriture gratuitement, le système reposant sur la solidarité et les dons des Laos.

Après notre escale à Muang Ngoi, nous sommes repartis vers Luang Prabang, déjà obligés de revenir sur nos pas pour regagner Vientiane à temps. Nous avons fait le trajet de retour en bateau, environ 7 heures le long de la Nam Ou, à travers des paysages magnifiques, sur une barque surchargée, dans des conditions plus ou moins correctes selon l’endroit du bateau où on était assis (mauvaise pioche pour Matthieu sur le moteur).

Arrivée sans encombre à Luang Prabang où nous avons passé une nouvelle journée que nous avons mise à profit pour aller nous prélasser aux chutes d’eau de Tad Kuang Si, un bel endroit dont les bassins bleu turquoises invitent à la baignade. Nouvelle étape à Vang Vieng à la fois pour couper en deux le trajet jusqu’à Vientiane mais surtout pour tenter le tubing et refaire la fête avant le départ de Matthieu. Deux jours paisibles à se la couler douce, dans de chouettes bungalows au bord de la rivière.

Nous voila à présent de nouveau à Vientiane pour une journée de repos et de transition avant de partir pour le sud du pays. Matthieu est reparti hier soir et devrait être chez lui à l’heure qu’il est. On était tous les trois ravis de ces deux semaines.

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