Le cul entre deux années

Petit coup de flemmardise bloggeuse ces derniers jours, depuis notre arrivée à Shanghai pour tout dire. Une des raisons en est que, en plus du fait qu'on est pas mal occupés, les trois ordis de l'auberge de jeunesse, s'ils fournissent un accès gratuit et illimité, sont souvent pris et qu'il faut consulter debout, au milieu de la cafet' en plein dans le passage. Pas l'idéal donc. Là on a un peu de temps donc ça risque d'être long car il y a pas mal de choses à dire !

Les derniers jours à Pékin furent fort agréables, nous permettant de faire un tour dans un des grands  marchés aux puces de la ville. Sympa mais encore un fois "réhabilité", tous les stands bien organisés sous une grande halle refaite à neuf, chaque boutique présentant ses objets à vendre sur des étagères grises standardisées. On commence à avoir l'habitude de ces lieux historiques remis au gout du jour avant l'arrivée des JO l'été prochain. A ce propos on a constaté avec amusement que les chauffeurs de taxis se préparent aussi activement. Entre celui qui a le petit livret spécial JO avec tout ce qu'il faut pour parer aux différentes situations et celui qui nous passait son CD d'anglais et le répétait avec nous sur le trajet, c'était cocasse. On a pu profiter sous un beau soleil du Parc Beihai et de la "Colline de Charbon" du haut de laquelle on jouit d'un panorama sur la Cite Interdite.

Le 24, pendant que Julie préférait flâner dans la ville, faire les magasins (les courses de Noël pour des surprises!), Leslie et Boris sont allés se faire une randonnée de 10 Km sur un tronçon de la Grande Muraille de Chine entre Jinshanling et Simatai. Le temps était au rendez-vous, légèrement couvert mais bonne visibilité, soleil perçant à travers les nuages, panoramas superbes de montagnes ocres, couvertes de neige par endroits. Extraordinaire d'admirer le "Serpent de Pierre" onduler à perte de vue. Rando un peu sportive par moments, mais ça a le mérite de réchauffer par le froid qu'il faisait! Le soir réveillon peu habituel: cocktails au Q Bar pour la préchauffe, resto un peu chic pour une fois, et pour finir soirée  mémorable dans un Bar du quartier universitaire, loin du centre mais ça valait le détour: bar au décor underground, public branché, assez "bobos" dans le style, tendance vestimentaire seventies, des coupes de cheveux extravagantes (hallucinant d'avoir des franges pareilles!), plusieurs groupes de rock qui se  succédaient, égrenant leurs compos de style variés évoquant les Sex Pistols, Nirvana ou le Velvet  Underground. Et le lendemain, cadeaux dans les souliers, comme à la maison!

Enfin on a terminé par la visite du Palais d'été, gigantesque parc restauré au 19ème siècle par Cixi l'impératrice douairière. A ne pas confondre avec la midinette incarnée par Romy Schneider, celle-là c'était plutôt du genre mégère acariâtre et exigeante, du genre je veux 120 plats à chaque repas et j'en touche deux. En plus elle avait pris le pouvoir à la place de l'Empereur qui devait rester enfermé dans le palais. Au Nord du parc qui comporte plusieurs temples étalés sur une colline, parfaitement alignés selon les directions Nord-Sud et Est-Ouest (merci le Fengshui!), on a pu réaliser que l'affection (ou l'absence d'aversion) qu'ont les chinois pour le factice ne date pas d'hier. L'empereur lui-même (celui qui était enfermé) avait droit à sa petite ruelle artificielle, disposée autour d'un canal, dans laquelle des eunuques jouaient les faux marchands pour son excellence. On se divertit comme on peut.

L'arrivée à Shanghai nous a bien fait plaisir du point de vue du climat puisque en une nuit de train on est passé de l'Hiver au Printemps. Malheureusement pas pour longtemps. Le jour de notre arrivée on a pu enfin sortir sans bonnet, gant et collant, le pied! L'embellie a cependant été de courte durée, puisque dans les jours qui ont suivi, la pluie a commencé à tomber et le froid s'est installé (incroyable de perdre dix degrés en deux jours). On s'est donc réfugiés dans les musées les premiers jours jusqu'à ce que le soleil revienne. Le musée d'urbanisme, tout d'abord, pour ne pas perdre les bonnes vieilles habitudes. Intéressant, avec à nouveau une gigantesque maquette de la ville et de ses futurs projets. Puis le musée de la ville, aux collections extraordinaires. Bon vous allez dire qu'on tripe mais des sculptures, des bronzes, des poteries datant pour certains de plus de 3000 ans c'est quand même extraordinaire, surtout avec cette qualité de travail. Tout est classé chronologiquement, on voit réellement se raconter l'histoire de la Chine sous nos yeux. Enfin le Musée d'Art Contemporain (le MOCA, ça rappelle quelque chose), petit musée logeant dans un bâtiment original en plein centre de la Place du Peuple, au milieu d'un parc. Superbe exposition d'artistes japonais (l'expo venait de Tokyo) sur le thème "Eco and Design", 300 artistes s'étaient exprimés sur des supports sortant de l'ordinaire: affiches publicitaires de taille standardisée, sacs en tissu, éventails. Beaucoup de bonnes idées dans le lot.

Le soleil étant revenu on a enfin pu se balader un peu dans la ville. Shanghai est une ville finalement assez récente, qui s'est développée extrêmement vite. La surface de la ville est immense mais la zone "touristique est relativement peu étendue et peut même se faire à pied. Avant le milieu du 19e siècle, Shanghai n'était qu'une petite bourgade dont il ne reste plus rien, à part une zone de quelques hectares, qu'ils appellent "vieille ville" mais dont quasiment tous les bâtiments ont été refaits, pour donner une sorte de Disneyland surpeuplé et hypercommercial autour du jardin Yu (fort joli au demeurant). C'est  l'arrivée des européens, qui a lancé les hostilités du développement avec l'installation des comptoirs.  Développement du port, des quartiers bourgeois pour loger ces colons assoiffés de profits, aménagement de la rive Ouest de la rivière Huangpi et construction du "Bund", justement ce boulevard qui longe la rivière, avec ses immeubles années 20, rappelant New-York ou Londres. Le top de la modernité et du capitalisme à l'époque. C'était sans compter l'ouverture de la Chine et l'arrivée du néolibéralisme, puisque, en l'espace de 15 ans, en face du Bund, sur une ile de la taille de Singapour, qui n'était jusque-là qu'une surface agricole, une nouvelle ville, Pudong, est sortie de terre et des porte-monnaie des multinationales. Des gratte-ciel par dizaines (ça construit toujours), certains quelconques, d'autres plus ambitieux architecturalement, dont la Pearl TV Tower et la Jinmao en haut de laquelle on est montée. Hébergeant le Grand Hyatt, quelques 400 mètres de verre, évoquant une pagode, creusé en son centre, le salon de l'hôtel gisant sous un plafond de 150 mètres de hauteur !

On a passé une des journées de visite avec un Suisse francophone fort sympathique. Patrick de son petit nom, thésard en biologie des cellules cancéreuses. Il avait trouvé en Julie une oreille compréhensive, puisque c'était pas tous les jours que quelqu'un pouvait comprendre son sujet de thèse. Il nous a fait bien rigoler avec une expression à lui: sur le thème "si j'étais psychiatre j'aurais du mal à entendre les problèmes des gens", il nous a sorti qu'il aurait peur que "ça déplace l'Église du village" (faut rajouter l'accent pour avoir l'effet comique).

Grâce à Leslie qui avait une otite, on a pu visiter un hôpital local. Franchement nickel et un euro la consultation ORL c'est imbattable. Elle s'est du coup payée une nouvelle coupe de cheveux pour se réconforter et on a pu noter un détail amusant chez le coiffeur: le prix augmente avec le nombre d'années d'expérience du coiffeur.

On a visité la concession française qui ne ressemble plus tellement à ce qu'elle a dû être il y a 100 ans. C'est même devenu un peu les champs-elysées locaux, grands malls luxueux, un "Printemps" y est même présent. Le quartier Xintiandi, un des quartiers branchés avec bars et restos chics en tout genre est sympa pour se promener et héberge en son sein, ironie du sort, le site de la première réunion du Parti Communiste Chinois qui s'était créé dans la clandestinité autour d'une quinzaine de personnes dont Mao Zedong en 1921. A noter une scène grandeur nature de personnages en cire, écoutant un jeune Mao. Ambiance christique un peu flippante.

Sinon on n'a pas réussi à manger aussi bien à Shanghai qu'à Pékin. Pas trop de chance sur le choix des restos. Faut dire que les guides ne nous ont pas aidés, entre les restos introuvables, ceux qui avaient fermé...Il y en a quand même un où on a bien rigolé, un resto vaguement chic conseillé par le routard (toujours impayable). Des photos sur le menu, le pied pour choisir sauf qu'à l'arrivée des plats c'était pittoresque du genre un seul ravioli au lieu des dix sur la photo.

Le réveillon s'est déroulé par un froid polaire. On s'était fait beaux, c'est à dire comme tous les jours (juste un plus de maquillage pour les filles). Bon resto, un des seuls. Après on voulait quand même aller danser. On s'est donc trouvé une boite de nuit: le Mao pour faire original. Cadre sympa, serveurs en combinaisons rouges. Début de soirée sympa. Truc bizarre ils fêtent pas la nouvelle année comme on en a l'habitude, même pas un petit compte à rebours des familles. C'est juste quand on a entendu des gens à une table d'à côté faire le décompte qu'on a compris qu'il était l'heure. Ensuite la musique s'est assez vite dégradée, la faute à une espèce de DJ qui a priori préférait se faire danser lui que les gens. Bon ça nous a pas empêché de nous taper une cuite et de bien rigoler quand Leslie abordait tous les chinois dans les rues à la sortie de la boite pour leur souhaiter la bonne année.

A part ça le 31 et le 1er, on a pu se frotter à l'hyperdensité de la population chinoise. Il y eu deux jours de congés pendant lesquels des centaines de milliers de personnes sont sorties faire du shopping ou tout simplement se balader. Incroyable de voir autant de monde, dans les endroits où les passages se rétrécissaient on pouvait à peine se frayer un chemin!

Voilà voilà pour Shanghai. On a ensuite pris le train pour Guilin, un charmant voyage de quelques 21 heures, qui nous a permis d'admirer les paysages. Enfin des montagnes, des collines, des forêts, de la verdure, de beaux arbres avec encore toutes leurs feuilles, nous faisant penser depuis notre train chauffé que l'hiver n'était pas encore là dans ces contrées. Confirmation à l'arrivée à Guilin, net adoucissement des températures. On a pris le temps de visiter la ville: jolies collines karstiques en plein dans la ville, beaux lacs, et quel calme comparé à Shanghai! On croyait entendre voler les mouches. On a aussi visité une gigantesque grotte, une des attractions de la région; la grotte de la flute de roseau. Des stalactites, des stalagmites, faisant parfois plusieurs mètres de diamètre. Assez impressionnant mais rigolo aussi car les Chinois avaient baptisé les divers points remarquables de la grotte de noms marrants qui devaient correspondre à des "sculptures" formées par le calcaire: en vrac "la ville vue de loin", "les montagnes embrumées vues derrière le rideau d'une fenêtre", "le lion saluant les visiteurs" et notre préféré (il fallait de l'imagination), "le mille-pattes effrayé par un miroir magique".

Nous voici à present à Yangshuo à quelques kilomètres au Sud de Guilin, petite ville paisible dont nous visiterons les environs dès demain. Sur ce il ne nous reste plus qu'à vous souhaiter à tous une bonne, belle et heureuse année 2008.

Comments

[sihayya]

je n'ai pas eu le temps de tout lire (je profite d'un petit moment entre deux tétées) mais j'ai vu que vous étiez allés au musée de Shanghai alors je suis obligée de laisser un commentaire ! Ils ont la plus belle collection de bronzes conservée en Chine. Je crois me souvenir que j'y ai passé 3 heures.... du coup j'ai dû passer presque deux jours dans le musée (au grand désespoir de Pierre qui n'en pouvait plus)
bises

[lolo]

a guilin c'est pas la ou il y a la grotte des éléphants??...en plus je crois que c'est dans cette ville qu'on a mangé dans un des meilleurs resto qu'on est fait , c'etait un restaurant sitchouanai...c'est dans le routard
a Yangshuo y a les jardins "japonais" non?, pour louer un velo je me souviens que c'est galere.

A+ , biz