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Ju et Bo sont en Asie
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16 janvier 2008

Bateau, vélo, rando et...maladie de la pierre

Et bien décidément les messages s'espacent de plus en plus dans le temps sur ce blog. Du coup on est obligé de les faire plus longs. On aimerait bien écrire plus souvent mais les circonstances souvent nous en empêchent : pas de café internet, connexions pourries, sites inaccessibles et autres problèmes de santé mais n'allons pas trop vite.

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Nous en étions donc restés à Yangshuo, jolie et paisible petite ville du Guangxi, au bord de la rivière Li, entourée de collines parfaites pour les promenades à vélo. Le lieu nous a réservé deux belles journées et deux un peu moins amusantes. Lors de la première nous avons effectué une chouette croisière sur la rivière Li. Sur une embarcation rudimentaire, nous avons admiré le cadre sublime qui entoure la rivière entre Xinping et Yangdi, belles collines karstiques recouvertes de végétation sous un soleil tombant de fin d'après-midi. Le deuxième jour nous a gratifié d'une magnifique balade en vélo autour de Yangshuo. Etape à la colline de la Lune (appelée ainsi car percée d'un trou en son centre) en haut de laquelle on est grimpé pour bénéficier d'un superbe panorama sur les environs, puis découverte de la campagne chinoise. Petits villages aux maisons de pierre, agriculteurs au travail avec un nécessaire d'outils minimal : leurs mains, une pelle, un panier. On s'est un peu paumés, les filles commençaient à faire grise mine, la fatigue pointant son nez, on pensait être encore à une bonne dizaine de bornes de Yangshuo et puis finalement au détour d'un chemin on s'est retrouvé comme par miracle à deux pas du centre-ville. On a toujours pas compris comment on a fait, l'explication la plus probable étant : leurs cartes ne sont pas à l'échelle.

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Le lendemain nous nous étions préparés pour retourner à Guilin et prendre le train pour Kunming. On avait fait nos sacs la veille au soir, il restait plus que les billets de train à acheter en arrivant à la gare. Mais comme disait Steinbeck, "les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas". Au petit matin, Boris se réveille avec une intense douleur, allez disons le, dans la couille gauche, s'accentuant progressivement mais surement jusqu'à devenir, selon ses dires insoutenable. Là, ce fut " panique à bord" , on avait beau être deux médecins, dont un mal en point, quand il s'agit d'un proche, nos 10 années d'études de médecine s'effacent on ne sait comment ou plutôt, on ne pense qu'au pire : la torsion testiculaire. Ni une ni deux, nous voila dans une ambulance bien roots en direction de l'hosto de ce petit village, bercés par les hurlements de Bo. Une fois arrivés, l'angoisse n'a fait que s'accentuer :  bien entendu, quasiment personne ne parlait anglais. On l'installe dans la petite salle des urgences , attendant fébrilement l'arrivée d'un médecin qui semblaient hésiter à venir. C'est finalement une jeune interne qui s'y colle, probablement parce qu'elle baragouinait 2 ou 3 mots d'anglais. Son visage perplexe , l'impossibilité de communiquer et  la lenteur de la prise en charge nous font complètement perdre notre sang-froid et nous voila transformes en notre pire cauchemar d'interne : les patients ingérables et super relou. Pendant que Boris hurlait en français, anglais pour faire comprendre qu'un antalgique serait le bienvenu, je (Julie) harcelais cette pauvre interne , répétant en boucle que j'étais médecin qu'il lui fallait au plus vite : des calmants, des examens complémentaires, l'avis d'un chirurgien, ne la lâchant pas d'une semelle.
Finalement, une fois la piqure dans les fesses faite, et les divers compte rendus récupérés, la tension est tombée. Il s'agissait d'une colique néphrétique (un calcul coincé dans les voies urinaires), intensément douloureux mais sans danger. Il a eu droit tout de même à 2 jours d'hospitalisation pour perfusion d'antalgiques (on suppose) et d'antibiotiques (pourquoi ? lesquels ?), sans trop d'explication quant au diagnostic, le personnel nous évitant  comme la peste. Le séjour s'est tout de même déroulé sereinement, pas de nouvelles douleurs, du repos et de la lecture. Une fois les premières inquiétudes dissipées, Leslie et Julie profitaient des assoupissements de Boris , bien abruti par tous ces médocs pour aller faire les magasins (libérées d'un mec il faut le dire toujours encombrant pour faire du shopping) et se sont même offert un "foot massage" , faut pas se laisser abattre.  Que dire sinon de l'hôpital ?  Ils connaissent pas le pied à perfusion (tu portes la poche toi-même si tu te déplaces), soit on t'apporte à manger soit tu crèves la dalle. Bien entendu, en patient exécrable qu'il a toujours été, Boris a négocié (imposé ?) sa sortie de l'hôpital un jour plus tôt ("c'est bon j'ai plus mal ça sert à rien"). Et à peine la dernière perfusion enlevée, on est allé prendre le bus pour Guilin.

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Tout s'est bien goupillé, on a eu le bus tout de suite, pas de problème de place dans le train pour Kunming, le voyage fut fort paisible dans un train quasi-vide (chose assez incroyable pour ici) et on a même eu droit à un peu de jazz comme musique d'ambiance ce qui change de la variet' chinoise qui rivalise avec celle d'Inde niveau notes haut perchées. Profitons en pour évoquer ici l'extraordinaire tolérance des Chinois pour le bruit : que ce soit les télés dans les bus ou dans les trains (on a été sauvé le jour où on a compris qu'il y avait des interrupteurs pour couper le son, les chinois ça les dérangeait même pas), les gens qui ronflent (incroyable ce qu'ils sont nombreux!), ceux qui littéralement hurlent quand ils parlent à leur téléphone portable : d'ailleurs dans les bus ça donne souvent des scènes cocasses, du genre un gars qui crie pendant 20 minutes dans le fond du bus, il raccroche là tu te dis ouf, un peu de calme sauf qu'il a parlé tellement fort que tout le monde est au courant et qu'il se met à discuter toujours en hurlant avec des gens à l'avant du bus à propos de sa conversation téléphonique et que c'est reparti pour 20 minutes ! Enfin parmi les  douces mélodies qu'on entend régulièrement il y a bien sûr les mythiques raclements de gorge qui précèdent les crachats non moins mythiques. Ramonage de bronches, vidange de sinus, raclement de fosses nasales, quelque soit le substrat du crachat tu sens que ça vient de loin. Pour les mélomanes, les meilleurs moments pour écouter ce genre de symphonie c'est soit tôt le matin soit en pleine nuit sur une aire de stationnement pour bus de voyage.

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L'arrivée à Kunming nous a bien fait plaisir, les températures s'étaient encore réchauffées (malgré les quelques 2000 mètres d'altitude), on a même pu prendre un verre en terrasse dans le parc Cuihu vêtus seulement de nos T-shirts ! Balade dans la ville, assez moderne, rappelant Shanghai avec sa grande rue commerçante piétonne et sa place du peuple. La encore ils ont pas mal ratissé les vieilles maisons et même une mosquée du seizième siècle pour en remettre une à la place on ne peut plus laide, évoquant comme dit le lonely plus un casino de Las Vegas qu'une mosquée !

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Nous nous sommes rendus ensuite à Dali dans le Nord-Ouest du Yunnan, superbe petite ville juchée sur un plateau à quelques encablures du lac Erhai, au pied des montagnes. Visite de la ville fort sympathique, de vieilles maisons d'architectures Bai (la minorité locale), toits en pierre, pas de gratte-ciel, un peu la Chine de carte postale. On en a visité les environs dont deux petits villages pour le coup bien authentiques, Xizhou et Zhoucheng, avec leurs petits marchés et leurs spécialités locales (pain à la ciboulette délicieux). On a tenté une balade à vélo pour visiter les bords du lac. L'expédition a vite tourné court vu le vent à décorner les bœufs qui nous a accueilli quand on est sorti de Dali et qu'on s'est engagés dans les chemins cahoteux qui serpentent entre les champs. A noter un aller-retour sportif pour Boris qui est allé chercher des anti-allergiques pour Leslie qui faisait semble-t-il un début de crise d'urticaire.

Nous avons par la suite poursuivi notre route jusqu'à Lijiang à environ trois heures de bus de Dali vers le Nord. La route était magnifique nous permettant d'admirer de belles montagnes rouges et ocres sur les flancs desquelles les champs s'étageaient en terrasses. Arrives à Lijiang, on a pu découvrir une grande ville de 300000 habitants dont le principal intérêt touristique réside dans sa vieille ville vraiment très belle. Un dédale de ruelles pavées, entièrement piétonnes, sillonnées de canaux (rappelant par moment Venise), bordées de jolies maison en pierre. L'afflux massif de touristes a tout de même bien transformé le lieu. Il existe encore quelques ruelles où on a l'impression que des gens vivent mais la plupart d'entre elles ne sont dévolues qu'au commerce touristique, les magasins se succèdent et se ressemblent: Thé, fringues, bijoux, thé, bijoux, fringues... à se demander comment ils font leur beurre tellement ils se marchent dessus mais je crois qu'on sous-estime la puissance du tourisme chinois de masse. On a profité qu'on était dans le coin pour se faire une excursion d'une journée aux "gorges du saut du tigre", appelées ainsi à cause d'une légende (un tigre qui aurait échappé à un chasseur en sautant par dessus les gorges), au milieu desquelles coule le fleuve Yangzi. La journée fut splendide, aller-retour en jeep nous permettant d'admirer à volonté les superbes paysages menant aux gorges, descente dans les gorges à deux endroits différents (remontée bien éprouvante), un bien beau morceau de la nature chinoise.

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Nous voila maintenant de retour à Kunming après un voyage en bus de nuit mémorable : achat de tickets de dernière minute ne nous permettant pas d'avoir des bus couchettes, du coup une nuit assis entourés des chinois qui vomissaient leurs tripes et jetaient après ça négligemment leurs sacs plastiques pleins dans le couloir du bus, pour une fois pas de retard et même plutôt beaucoup d'avance puisqu'on a été lâché à 4 heures du mat dans la gare routière déserte de Kunming. Pas au bout de nos peines, on s'est tapé 4 heures d'attente dans le hall de l'hôtel le temps qu'ils veulent bien nous filer une chambre.

Par la suite, on a profité des derniers moment avec Leslie qu'on a accompagnée avec un peu d'émotion à l'aéroport aujourd'hui. On s'est fait plaisir en s'offrant un délicieux massage des pieds pendant une heure. On a passé un bel apres-midi ensoleillé à lire dans le parc Cuihu, faisant ainsi halluciner les Chinois qui n'avaient pas l'air de comprendre pourquoi on se mettait au soleil ainsi. Les parcs sont vraiment parmi les endroits les plus paisibles des villes chinoises. C'est un bonheur d'y contempler les vieilles personnes chantant en choeur au son des orchestres, faisant leurs exercices d'assouplissement. C'est amusant de noter le rapport au corps des chinois. On pourrait dire qu'ils le malmènent mais force et vigueur sont plus justes que violence. Il suffit de subir un de leurs énergiques massages  pour le comprendre ou justement de les observer faire leurs exercices : on peut voir des mamies s'agripper aux branches d'arbre et balancer leurs jambes, d'autres se cogner le dos contre les troncs...tout ça pour assouplir les tissus, faire jouer les articulations, vivre plus vieux quoi. Ce qui doit être assez efficace puisque souvenons nous qu'avant notre canonique Jeanne Calment c'était un chinois qui détenait le record de longévité ! Voili voilou pour cette fois, à partir de demain on entame notre descente vers le Sud pour gagner la frontière du Vietnam si rien ne nous arrive d'ici-là.

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Commentaires
J
Yo Boris,<br /> <br /> Honte à moi qui n'ait découvert qu'aujourd'hui vos superbes aventures... celle-là en particulier vaut le détour ! Les coliques néphrétiques c'est quand même terribles, mon pauvre.<br /> <br /> Bonne suite du voyage et à bientôt<br /> Bises<br /> Jul
B
tu m'etonnes mon lolo, la prochaine fois je t'emmene dans mes valises, meme si sur ce coup-la ca m'aurait gene que tu me palpes les bijoux de famille (enfin avec la douleur on en oublie vite toute pudeur)<br /> bisous<br /> Boris
L
Ben ouai c'est dans ces moments la qu'on aimerait bien avoir dans ses bagages un petit chirugien qui fait vite le diag et fonce a la pharmacie plutot qu'a l'hosto.<br /> bisous , et pensez a boire plus de 1.5 l d'eau par jour pour evitez les recidives....;-)
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